Le fichage ADNL'assassin de Susan Hellems a donc été identifié grâce à son ADN comme bien d'autres criminels. L'ADN a donc revolutionné ces dernières années les méthodes d'enquêtes policieres. Il a permis notamment d'établir la culpabilité de criminels sans aucun lien avec leur victime, difficile à établir dans les enquêtes policières classiques. Il a aussi, dans certains cas, facilité la réouverture de dossiers en sommeil depuis des années, faute d'éléments de preuve suffisant. Il a enfin souvent répondu au désespoir des familles de victimes de catastrophes, comme le tsunami du 26 décembre 2004, en permettant l'identification des corps, puis leur restitution à leur famille dans des cas où les méthodes classiques d'identification ne fonctionnaient plus.
Ces progrès spectaculaires constituent un élément essentiel dans l'augmentation du taux de résolution d'enquêtes ouvertes pour des crimes graves. Pour certains, ils contribuent à assurer une meilleure protection de la population, en particulier contre les prédateurs sexuels. Néanmoins, ceci reste une technique scientifique qui offre une aide considérable à la justice mais qui ne peut en aucune manière remplacer l'enquete en elle même. Dans l'affaire Susan Hellems par exemple, l'identification de la présence du sperme du voisin de la victime sur son soutien gorge a permis de révéler un soupçon d'autant plus grand que l'identité de cet homme figurait au FNEAG, mais pas d'affirmer directement que le voisin était le meurtrier. Ce sont les aveux de ce dernier, recueillis selon les méthodes classiques de l'interrogatoire, qui ont conduit au succès dans ce dossier.
L'étude de cette enquête policière nous a permis de montrer l'efficacité d'un outil d'investigation. L'ADN est un élément primordial lors de la résolution d'une enquête policère et un élément de preuve souvent quasi-irréfutable. En partant de ce constat, certains pourraient être tentés par le fichage génétique de l'ensemble de la population. Un Etat démocratique faiblement peuplé, l'Islande, s'est déjà engagé dans cette voie. Mais cette tentation se heurte à la fois à des questions d'ordre moral, éthique et social. Que se produirait-il si un tel fichier tombait entre les mains du secteur privé aux intentions mercantiles, ou bien si l'Etat décidait d'exploiter ces données à des fins de politiques de santé publique ou de démographie ou, pire encore, à des fins racistes ? L'enjeu, pour une démocratie, est de concilier les libertés fondamentales et la sécurité des citoyens. Ces questions se posent avec une acuité particulière dans le domaine de la police scientifique : il n'est plus possible de se passer de l'outil exceptionnel de l'identification de l'empreinte génétique mais sa conservation, son utilisation et son interprétation doivent faire l'objet d'un examen permanent de leur conformité à nos principes et à nos valeurs. Ce sont d'ailleurs les mêmes questions qui se posèrent lorsqu'Auguste Bertillon décida, au début du XXème Siècle, d'exploiter les empreintes digitales dans les enquêtes policières. La recherche scientifique découvrira demain d'autres outils et il est vraisemblable qu'il faudra les confronter aux règles de l'Etat de droit.
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